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un étrange phénomène

pingouins tachaient de blanc les rochers et les rendaient désagréables à voir. La mer était souvent mauvaise ; il y eut une fois un orage, et, sur son canapé, il poussait des exclamations à chaque éclair silencieux. Une fois ou deux, des phoques s’étaient avancés sur le rivage, mais seulement pendant les deux ou trois premiers jours. Il disait combien c’était drôle devoir les pingouins passer en se dandinant à travers lui, et comment il pouvait se coucher au milieu d’eux sans les effaroucher.

Je me rappelle un incident bizarre, quand il éprouva très vivement le désir de fumer. Nous lui mîmes une pipe dans les mains — il manqua, d’ailleurs, de se crever l’œil avec le tuyau — et nous la lui allumâmes. Mais il prétendit ne rien sentir. Depuis, j’ai observé la même chose pour mon propre compte — je ne sais si le fait est général — en tous cas, je ne peux apprécier le goût du tabac que si j’en vois la fumée.

Mais sa vision se révéla plus étrange encore quand Wade eut recommandé de le sortir pour le changer d’air. Les Dadvison louèrent un fauteuil roulant qu’ils firent pousser par un cousin à eux, pauvre homme sourd et entêté, nommé Oster, et qu’ils avaient recueilli par charité. Oster avait des idées tout à fait particulières sur les promenades de santé. Une fois, ma sœur, en revenant de l’hôpital des chiens, les rencontra dans Camden Town, près