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l’étoile

a plus besoin de dormir, maintenant ! » dit-il.

Le jour suivant à midi, il entra, ponctuel, dans l’amphithéâtre où il faisait son cours, posa son chapeau au bout de la table, selon son habitude, et choisit soigneusement un gros morceau de craie. C’était un sujet de plaisanterie parmi ses élèves, qu’il ne pouvait faire son cours s’il ne tenait sans cesse ce morceau de craie entre les doigts, et il fut frappé d’impuissance une fois qu’ils lui avaient soustrait sa provision. Il s’avança et regarda, sous ses sourcils gris, les rangées de jeunes et frais visages qui s’inclinaient ; puis il commença, à sa façon accoutumée, en phrases étudiées : « Des circonstances surviennent… circonstances hors de mon pouvoir, — dit-il — qui — reprit-il après une pause — m’empêcheront de compléter le cours que je me proposais d’achever avec vous… Il peut sembler, messieurs… pour exprimer la chose clairement et brièvement… que l’Homme a vécu en vain ! »

Alors ils commencèrent à comprendre…

Cette nuit-là, l’étoile se leva plus tard, car son propre mouvement vers l’Est l’avait quelque peu entraînée du Lion vers la Vierge, et son éclat était si grand que le ciel devint, à mesure qu’elle se levait, d’un bleu lumineux, et les étoiles s’effacèrent tour à tour, sauf Jupiter près du Zénith, Capella, Aldébaran, Sirius et les chiens de l’Ourse. Elle