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faire la guerre, un homme était frappé après une heure, ou environ, de combat acharné, et tous les blessés sur le champ de bataille étaient ou assassinés aussi humainement que possible ou soignés avant la chute du jour suivant. On était tué par des mains humaines, à la suite de blessures compréhensibles et tolérables.

Mais dans cette guerre-ci la majeure partie des morts — du côté des Alliés en tout cas — ont été tués par des machines, les blessures ont souvent été d’une horreur inconcevable et le sort des blessés a été plus effrayant que ne fut jamais celui de blessés entre les mains de sauvages victorieux. Durant des jours des quantités d’hommes ont été laissés, infirmes, déchiquetés, à moitié ensevelis dans la boue et la saleté, gonflés d’eau ou gelés, criant, gémissant, entre les deux tranchées adverses. Le nombre d’hommes, sans blessures physiques réelles, que la guerre a abattus mentalement ou rendus fous par son bruit parti-