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nous l’aurons dépouillé de son dernier haillon de prétention et que nous aurons touché la fibre sensible de sa vanité par la mise à nu tant appréhendée de sa sottise.

La littérature aura manqué à son devoir envers l’humanité si elle est assez aveuglée par la monstrueuse misère des Flandres pour passer à côté de la trivialité essentielle qui dirige la guerre actuelle. L’assassinat de dix millions d’hommes ne peut rendre le caractère du kaiser allemand autre que théâtral et imbécile. Nous perdrons complètement la signification de la guerre si nous ne traçons pas un tableau, pour nous et pour la postérité, de l’absurdité indécise de la monarchie allemande, de la figure stupide du kronprinz cambriolant les châteaux de France et emportant les tabatières et les icônes, tandis que toute l’Allemagne saigne mortellement pour faire de lui le César d’un nouvel Empire du monde.