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de jeunes gens ; c’était pour la plupart des enfants en larmes, à l’air effrayé, et de malheureux vieillards, hommes et femmes, courbés par l’âge et la douleur. Ça paraissait trop effrayant pour être vrai, même lorsqu’ils nous coudoyaient en passant devant nous, sous la pluie, nous ne pouvions croire que ces êtres abattus étaient réels. Ils semblaient surnaturalisés par la misère d’une façon étrange. Quelques-uns dormirent dans des salles de patinage, des entrepôts, d’autres à bord de l’Amiral-Ganteaume[1] (qui aurait pu imaginer qu’aux horreurs de l’exil, ces gens verraient, le lendemain, s’ajouter celles du naufrage ?), d’autres restèrent certainement debout toute la nuit dans la salle d’attente, en face de notre hôtel. Ceci dura toute la semaine et se continuait quand nous partîmes. »

Néanmoins, je ressentis une impres-

  1. L’Amiral-Ganteaume fut détruit par un sous-marin allemand.