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prit l’autre côté des réalités de la guerre.

Pour ma part, j’ai sous la main certaine lettre d’une doctoresse très capable qui est revenue récemment de Calais.

Le tétanos, la gangrène, des hommes blessés bandés de chiffons sales et gisant lamentablement dans des abris humides, des hommes sans blessures mais si brisés par les horreurs glaciales des tranchées de l’Yser qu’ils sont devenus presque fous : voilà de quoi est composé son tableau.

Un jeune officier lui parla des opérations, des villes et des villages dévastés, de la putréfaction des soldats et des chevaux tués, de ses hommes qui étaient morts, blessés ou mutilés, de la liste des camarades qu’il avait perdus.

« Soudain il se mit à pleurer. Il pleurait à chaudes larmes, tout comme un enfant qu’on aurait trop grondé, et je ne pouvais rien pour le consoler. »

C’était un homme fort et un brave