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de jouir en toute sécurité. Mais conservez-la loyalement.

Rappelez-vous que nous combattons en ce moment pour notre existence nationale et que, cette nuit, tandis que j’écris, à cent cinquante kilomètres environ de l’endroit où je suis, les sombres navires cherchent leur chemin entre les mines flottantes dont les Allemands ont parsemé la mer du Nord, et que nos fils, avec les fils de la Belgique et de la France, sont côte à côte, non pas par centaines, mais par milliers, rang par rang, ligne par ligne, face à face avec le trépas.

Tandis que j’écris ceci, la moisson de la mort mûrit.

Rappelez-vous notre cas tragique. L’Europe est remplie de la détermination implacable de mettre fin à ce mal pour toujours ; elle se plonge tristement et amèrement dans les monstruosités cruelles de la guerre, et, certainement, il y aura peu d’acclamations pour les