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venues une tradition fixe tout le long de votre frontière du nord — tradition dans l’établissement de laquelle, nous autres Anglais, nous eûmes notre part — tandis que vous vivez affranchi de la vue et du fardeau des préparatifs militaires (affranchi à tout jamais, ainsi qu’il semble), l’Europe entière a dû se courber, durant plus d’un demi-siècle, sous un fardeau d’armements sans cesse plus lourd.

Pendant de nombreuses années l’Europe n’a rien été d’autre qu’un vaste camp armé, avec des millions d’hommes continuellement sous les armes, avec la crainte de la guerre empoisonnant universellement sa vie, avec son éducation appauvrie, son développement social considérablement retardé, avec la gêne pour tout commerce qui n’était pas relatif à son équipement guerrier.

Il serait tout à fait fou de rejeter le blâme de cet état de choses sur telle ou telle nation en particulier ; cela s’est dé-