Page:Weiss - À propos de théâtre, 1893.djvu/90

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

reil. M. Bernard Jullien n’en continua pas moins à régenter. Toujours régent ! Toujours principal ! Un type du bon vieux temps, un exemplaire achevé de la première et de la seconde génération des scholars de l’Université impériale, comme étaient Vérien à Henri IV, Barrot à Louis-le-Grand, Brunie à Sainte-Barbe, Brunie de la Corrèze, l’infatigable Brunie à l’organe de tonnerre, qui, à plus de soixante-quinze ans, célébrait dans sa classe les beautés de Justin et de Florus d’une voix à faire crouler le Panthéon voisin ! Elle a maintenant disparu, cette race d’éplucheurs de textes, de faiseurs de cahiers d’expressions, de gardiens féroces du que retranché, de la césure, de la rime riche, des tropes et des topiques. Dieu me garde de sourire d’elle ! Je la regrette. Je regrette sa discipline étroite, mais sûre. La grammaire sévère et mécanique de ces gens-là n’a peut-être été que très insuffisamment remplacée, pour l’instruction de la jeunesse, par la grammaire comparée et les procédés d’amusement du jour présent ; leur chaude et naïve rhétorique qui se pâmait une heure durant sur le tour ingénieux d’une phrase de Salluste et sur le bonheur avec lequel Burnouf avait fait passer dans notre langue ce tour intraduisible, valait bien, je pense, pour la culture des jeunes esprits, les lectures philologiques et la géographie à bouche que veux-tu. Qui nous rendra ja-