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produits sur la gestion des théâtres de province et sur l’art dramatique en France par le système des troupes ambulantes. Je ne sais si l’on se préoccupe assez de l’état de nos artistes à l’étranger et du caractère de la fonction qu’ils y remplissent. Là-dessus, il y a inattention de la part du gouvernement comme de la part du public, et cette inattention est fâcheuse. Je ne voudrais pas enfler le cœur des comédiens ni les porter à s’exagérer le sentiment déjà excessif qu’ils ont de leur importance sociale. Il est pourtant vrai de dire que, si la France exerce encore maintenant quelque influence morale au dehors, c’est par eux et par la littérature dramatique. Du moins, ils incarnent une part notable de notre action intellectuelle sur nos voisins et alliés naturels. Un comédien qui est en représentation à l’étranger ou qui y contracte un engagement est comme un pionnier qui s’en va défendre les frontières de la langue française et de l’esprit français. Il ne les élargit pas. Hélas ! même intellectuellement et moralement, nous avons cessé d’étendre nos frontières. Nous pouvons seulement et nous devons empocher qu’elles ne se resserrent de plus en plus. Nos comédiens contribueront plus que personne à cette œuvre. C’est là un point de vue que le public, le gouvernement et la Société des auteurs dramatiques négligent tout à fait ou dédaignent de parti pris. Si la nouvelle se