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chelle, Angoulême, Toulouse, Marseille, Menton, Chambéry, Neufchâtel, Luxembourg, Lille, Maëstricht, Amsterdam, Gand et Amiens, avec toutes sorte de zig-zags secondaires. Mademoiselle Léontine Caron, ses compagnons et ses compagnes ont charmé de leurs grâces et de leurs talents cent seize villes, dont le chiffre de la population varie de six mille à trois cent mille âmes. Partout ils ont produit un effet marqué, de ci de là, contre le tenor vitæ habituelle de la ville où ils descendaient. Narbonne, l’une des capitales du Pays-Rouge, a déployé pour les recevoir les toilettes les plus oligarchiques. À l’autre bout du pré carré celtique, un accès de rire, dont les annales de la ville et de la citadelle n’offrent pas un autre exemple depuis plusieurs siècles, a secoué par eux Luxembourg endormie. Ils ont amené le bourgeois de Bâle à distinguer qu’il est dans l’être humain des « muscles du rire » (Lachmuskeln) capables de certains mouvements vifs et animés, dont on n’avait jamais ouï parler au café des Trois-Rois ni à la bibliothèque de l’Université. Ils ont porté à Strasbourg, à Colmar et à Metz un rayon de France. En les voyant, Aix-en-Provence, ville élégante et fine entre toutes, mais qu’on pourrait difficilement surnommer Aix la Joyeuse, a été galvanisée par la gaieté ; cet événement surprenant s’est produit le vendredi 28 janvier 1883 dans la soirée.