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mestre. Lorsque deux théâtres exploitant des genres similaires se trouvent dans un cas semblable, cela fait juste de quinze à vingt artistes condamnés au repos, ce qui les énerve, et tout de même payés, ce qui ne fait pas rire la caisse. Vingt artistes des deux sexes ! Mais c’est une troupe complète, cela ! Si on l’envoyait représenter dans quelques chefs-lieux la pièce qui a été le grand succès de Paris, l’an dernier ? N’importe la saison et le temps, on aurait des salles qui regorgeraient ! Ainsi ont raisonné les directeurs, et l’événement a justifié leurs calculs. Quand on a vu que la chose réussissait, tout le monde s’est mis à former, à tout moment de l’année, des troupes ambulantes, des troupes à temps, des troupes intérimaires, des troupes éventuelles, des troupes ad hoc. Des auteurs en ont levé pour exploiter leur pièce favorite ; d’éminents comédiens, pour mettre en régie leur propre talent. Il y a des troupes parisiennes pour la saison de Londres et il y en a pour la saison de Monte-Carlo. Les chemins de fer ont offert leurs facilités. Hiver comme été, ils sont assaillis de troupes vagabondes. C’est une renaissance universelle du roman comique.

L’importance de ces mœurs nouvelles et de la révolution opérée par elles dans l’exercice de l’art dramatique s’accuse par ce fait qu’elles commencent à susciter une littérature spéciale. Avoir une littéra-