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parmi les gens à pied, poètes, peintres, comédiens, comédiennes m’envoyant de petits saluts familiers de la main, pendant que fuira radieux, le long de la rue Richelieu, à travers la place du Carrousel, sur le pont des Saints-Pères, mon char numéroté ? Ainsi pensait M. Alphonse Daudet, encore inconnu. Le choc d’émulation fut si violent qu’il en écrivit à la file trois chefs-d’œuvre : le Roman du Chaperon rouge, les Âmes du Paradis et le Petit Chose.

M. Claudin a manié toutes les formes du journalisme. Il a été, à ses débuts, correspondant politique de deux ou trois feuilles de province. Il a eu l’honneur de suppléer quelquefois Théophile Gautier dans le feuilleton du Moniteur, du temps que ce journal était encore le Moniteur officiel. Il est chargé, depuis quatorze ans, de la critique dramatique au Petit Moniteur ; à quoi il joint chaque semaine une chronique parisienne, familière et courte, pour le grand Moniteur, qu’il signe du pseudonyme d’Eurotas. Moraliste ou critique, M. Claudin écrit surtout pour la foule pressée qui forme le public d’un journal à un sou tel que le Petit Moniteur. Ce genre de public n’est pas aussi facile qu’on le croit en matière littéraire.

Il serait rebuté par des articles où l’auteur mettrait, avec le trop de souci d’une forme châtiée, trop de vigueur et trop de substance. Mais il ne