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et du costume, mais encore pour ce qui est de l’action. Sur le répertoire je fais mes réserves. Il y a cependant divers genres de pièces qu’on ne peut que louer M. Perrin de monter avec un soin poussé jusqu’au scrupule. Que serait le plus beau drame romantique sans le décor ? On s’indigne et j’ai moi-même un peu souri de la tempête et des rafales que nous a servies la Comédie-Française au dernier acte du Roi s’amuse. Je me le demande pourtant ; sans la rafale que resterait-il de cet acte ? Il en resterait toujours de fort beaux vers à entendre ou à lire, mais sans effet scénique. Que deviendrait, sans le saisissant du décor et des costumes, la maison de Saltabadil ? Un bouge, non seulement ignoble, ce qu’il doit être en effet, mais insupportable aux yeux et à l’esprit, qu’on ne pourrait pas plus trouver tragique, que ces cabarets à toit bas, avec une chambre discrète sur le derrière, qui se cachent dans la banlieue de Paris, au pied de nos remparts. Un autre exemple. Sous forme de roman, l’idylle alsacienne l’Ami Fritz ne fait qu’attacher ; au théâtre, elle ravit ; croit-on que l’effet de ravissement subsisterait le même, si M. Perrin n’avait réussi à susciter devant nous les Vosges en fleurs, s’il n’avait trouvé moyen de nous donner la sensation et la vision des cerisiers pendant la cueillette, et de la fontaine rustique, avec son eau courante et