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de plus en plus le public de nos théâtres semblable à ce prince du Triomphe de la sensibilité qui ne pouvait vivre, dans son palais, qu’entouré de clairs de lune fabriqués par le machiniste, et qui ne voyageait jamais sans emporter dans ses bagages des villes pittoresques, à la façon de Nuremberg, de blanches cascades, des rocs sauvages, des sites werthériens établis et organisés par d’habiles artistes. Ce n’est pas sa faute si la prépondérance qu’on prise à un certain moment et que n’ont pas tout à fait perdue les théories sur la couleur locale, si les progrès de l’archéologie grecque et latine, de l’assyriologie, de l’égyplologie, de l’ethnologie et de l’anthropologie, si la naissance même d’une nouvelle école de peintres et de statuaires érudits, qui ont le souci de l’exactitude et la superstition de la micrographie historique, qui sont ardents pour la vérité des types au point de ne vouloir plus représenter ni Rébecca à la fontaine, ni Ruth chez Booz, ni Moïse descendant du Sinaï, ni le Seigneur Jésus sur sa croix, avec un nez non sémite ; non ! ce n’est pas la faute de M. Perrin si tout cela réuni a rendu le spectateur actuel exigeant sur des détails dont personne autrefois n’avait l’idée. J’aurai plus d’une occasion d’examiner ici de quelle façon M. Perrin traite la mise en scène du répertoire classique, non seulement pour ce qui est du décor