Page:Weiss - À propos de théâtre, 1893.djvu/44

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ou le mot « À la gloire » dans le vers de Polyeucte :

Où le conduisez-vous ? — À la mort ! — À la gloire !


Il les criait, il les hurlait. À ces passages on eût dit que sa voix emplissait la scène comme d’une irradiation de couleur écarlate. Dernier vestige, je n’en doute pas, dernier et puissant vestige des préceptes et des exemples, transmis de génération en génération par l’École. La querelle bien connue de Marivaux et de la Comédie serait à elle seule une forte preuve que les comédiens mettaient autrefois dans l’action un caractère beaucoup plus tonique qu’aujourd’hui. Parmi toutes les prétentions sur le chapitre desquelles Marivaux, selon Fontenelle, se montrait si susceptible, il y en avait une qui lui tenait particulièrement à cœur. Marivaux se piquait d’avoir introduit le premier dans le dialogue du théâtre et dans celui du roman le ton naturel, le ton même de la conversation ordinaire. Or, que reprochait sans cesse Marivaux aux comédiens ? C’était de lui ôter, par la manière dont ils jouaient ses comédies, le bénéfice et l’honneur de la révolution profonde qu’il estimait avoir opérée dans le style scénique ; c’était « de paraître trop sentir la valeur de ce qu’ils disaient au lieu de laisser ce soin aux