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déclamait, on le chantait presque. Quand il s’agissait du vers de Corneille, on en sonnait comme de la trompette ; quand il s’agissait d’une comédie de Molière, prose ou vers, on mimait chaque phrase et chaque mot, même au moyen d’accessoires ; on chargeait à la façon d’une parade sur les tréteaux ; on prononçait en certains endroits et en certains rôles, comme si l’on se fût servi de la pratique qui est en usage à Guignol. C’est ce que je suis enclin à conclure de divers anas qui courent sur l’ancien théâtre et des traditions qui régnaient encore, dans ma jeunesse, à la Comédie-Française. Vers 1845, « l’action » de MM. les sociétaires, surtout des plus éminents, de Samson, de Provost, de M. Regnier, quand ils jouaient l’Intimé, Petit-Jean, Sosie, Sganarelle, Argan, Pourceaugnac, se rapprochait bien plus de la manière de Ravel ou de Levassor que de celle de Rouffé.

« L’action » de Beauvallet, quand il jouait le personnage du Cid ou celui de Polyeucte, était beaucoup plus colorée et beaucoup plus retentissante que celle même de Frédérick, quand celui-ci lançait la fameuse invective de Kean à lord Muill. Beauvallet ne se contentait pas de jeter avec éclat la phrase :

Paraissez, Navarrais, Maures et Castillans,