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ignorants de leurs destinées ! » Nous sommes forcés d’ajouter autre chose ; cette autre chose est grave et fera de cette cérémonie, de quelque façon qu’elle tourne et se termine, une journée mémorable et critique dans l’histoire de nos mœurs publiques et de nos institutions.

Certes, l’apothéose de Victor Hugo est prodigieuse. Je doute cependant que ceux qui l’ont décrétée s’en soient représenté à eux-mêmes toute l’étendue et toute la signification. Hugo, aujourd’hui, ne triomphe pas seulement d’un empire et d’un empereur. On se tromperait bien si l’on se figurait que l’épopée du mépris, qui a nom Châtiments, atteint un homme, un seul, usurpateur sur les lois, et rien à côté de lui. Elle englobe sans distinction tout ce qui s’est empressé autour de la monarchie absolue restaurée ; elle vise toutes les institutions et tous les corps que le génie inventif du Premier Consul avait créés ou réparés pour servir à sa toute-puissance d’appui et d’ornement, qui ont fait depuis et continuellement le même usage sous n’importe quel gouvernement, qui sont encore à cette heure le substratum auquel se superpose la présidence de la République. Jamais on n’a vu, jamais on ne verra discorde plus flagrante entre un triomphateur et tout le cortège officiel qui accompagne son triomphe. Je sais bien qu’on me répondra que les corps, les hiérarchies et les compa-