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religieux, malgré son éloignement toujours croissant pour les religions classées et officielles, je ne dis pas pour les religions positives, car le Dieu qu’il honore dans ses vers est un Dieu positif. La croyance en un Dieu plane sur tout son théâtre : Hugo lui doit pour beaucoup la spiritualité relative et la générosité de sentiment de ses héros. Sur ce point capital aussi il y a eu suite dans sa vie. En 1820, il regardait la poésie comme inséparable de la religion, l’esprit religieux comme la plus profonde source de l’inspiration poétique. En 1847, sur la tombe de son ami Frédéric Soulié, il disait magnifiquement :


« … Que cette foule qui nous entoure et qui veut bien m’écouter… que ce peuple généreux, laborieux et pensif le sache bien… quand les philosophes, quand les écrivains, quand les poètes viennent apporter ici, à ce commun abîme de tous les hommes, un des leurs, ils viennent sans trouble, sans ombre, sans inquiétude, pleins d’une foi inexprimable en cette autre vie sans laquelle celle-ci ne serait digne ni du Dieu qui la donne ni de l’homme qui la reçoit. Les penseurs ne se défient pas de Dieu… »


Il dit en 1885 dans le testament qui contient ses paroles suprêmes, il dit simplement et brièvement :