Page:Weiss - À propos de théâtre, 1893.djvu/32

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

voilà ! On prend des airs avec M. Tout-le-Monde, et on n’est pas fâché, cependant, d’être lu de M. Tout-le-Monde. Le public seul, en effet, peut tirer de son sein, pour un auteur, les quelques centaines et les quelques milliers de lecteurs dont le suffrage a du prix. Quand on prétend trier soi-même ses admirateurs sur le volet, quand on se donne la mine d’écrire seulement pour quatre-vingt-dix-neuf privilégiés, choisis un à un, on risque fort d’avoir écrit pour les quatre-vingt-dix-neuf moutons et un Champenois du proverbe.

Au théâtre, ou quand il compose un roman magistral, tel que l’Affaire Clemenceau, le roman de mœurs le plus hardi et le plus vrai qui ait été publié chez nous depuis Madame Bovary, M. Dumas a pour premier besoin et pour premier talent la clarté. Ses préfaces de lui-même sur lui-même sont tout au contraire des fouillis ; que sera-ce d’une préface sur une préface ! C’est du métafouillis. Je ne veux pas discuter le fonds du rare morceau, que M. Dumas destinait aux quatre-vingt-dix-neuf et qu’il a égaré au beau milieu de cent mille lecteurs. Il faudrait trois fois plus de place qu’il n’y en a dans un seul feuilleton, pour distinguer tout ce que M. Dumas confond.

Je ne veux relever dans le dernier écrit de M. Dumas que l’amertume singulière qu’il montre