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rengorge et dit : « je ferai une direction d’été. Je serai directeur d’été. Voici le chiffre que j’offre. » Et on conclut l’affaire.

Il existe plus d’un type de directeur d’été. La famille des directeurs d’été fournit une grande variété de caractères et poursuit les buts les plus divers. Celui-ci est déjà directeur, le reste de l’année, d’une scène mignonne, située vers l’ouest, qui est assidûment fréquentée. La canicule approche ; il a clos prudemment le théâtre qui est le sien, vu que Paris devient désert. Il a un confrère, du côté de l’est, aussi prudent que lui, qui a fermé en même temps que lui. Qu’imagine notre homme ? Il loue pour l’été la salle du confrère et il y transporte son répertoire et sa troupe. Son raisonnement est bien simple. Il a calculé que ce qui ne fait plus d’argent à l’ouest de la ville en fera peut-être à l’est ; et, chose surprenante, le succès semble justifier le raisonnement. Cet autre a ramassé une belle fortune en conduisant, pendant vingt années, le théâtre municipal de Carcassonne ou celui de Charleville. Il n’aurait plus qu’à se retirer dans quelque coin départemental et à jouir de l’oisiveté du sage. Mais comme ça vous a bel air d’être sage seulement avec le titre d’ancien directeur de Carcassonne ! Il devient directeur d’été, et, à la fin de la saison, il aura le droit de mettre sur sa carte de visite : « Ancien