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distinguer chez Molière des percées d’invention que nous ne savions plus reconnaître ou que nous avions oubliées.

Molière, chez qui l’on s’habitue à voir exclusivement le premier de nos auteurs comiques, a pratiqué, indiqué ou esquissé diverses formes de théâtre, qui ne se sont développées qu’après lui. Excepté la tragédie, il a tout tâté le premier ou l’un des premiers. Je ne crois pas que le drame bourgeois et l’adaptation du vers alexandrin à ce drame datent de la Chaussée ; Tartufe est déjà par parties un drame bourgeois en vers. Je ne crois pas qu’on puisse attribuer par privilège à Quinault l’honneur d’avoir créé l’opéra français. Les Fêtes de l’Amour et de Bacchus ne sont que de 1672. À l’état fragmentaire, l’opéra nettement caractérisé surgit dans les Amans magnifiques (1670). C’est bien l’opéra que Louis définissait quand il demandait à Molière « un divertissement qui fût composé de tous ceux que le théâtre peut fournir », et, avec la partie versifiée et chantée des Amans magnifiques, Molière réalisait l’idée de Louis. Ni nos auteurs contemporains, ni Beaumarchais avant eux n’ont inventé de toutes pièces le vaudeville imbroglio ; il est dans l’Étourdi. Favart n’a pas trouvé tout seul la comédie villageoise ; le romantisme n’est pas né avec les drames de Dumas et de Victor Hugo ; Don Juan est une