Page:Weiss - À propos de théâtre, 1893.djvu/298

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sont les relations dans lesquelles Regnard a placé ses deux Ménechmes. Depuis que le chevalier Ménechme a quitté Péronne, à quinze ans, pour aller se battre en qualité de volontaire, il ne s’est pas plus soucié du frère jumeau laissé en Picardie que celui-ci du chevalier. À Péronne, on croit depuis longtemps que le chevalier est mort à la guerre. Le chevalier, jeune libertin, recherchant les jeunes femmes et couru par les vieilles, prend ses quartiers à Paris entre deux campagnes, lorsqu’un hasard lui vient apprendre la prochaine arrivée du Ménechme de province dans la capitale. Le Ménechme picard se rend à Paris pour recueillir l’héritage d’un oncle, où, en bonne justice, le chevalier devrait avoir aussi sa part, et pour épouser par la même occasion Isabelle, la charmante fille du bourgeois Démophon, par laquelle le chevalier comptait se faire agréer. Ainsi, le chevalier Ménechme est instruit de la présence de son frère jumeau dans les mêmes lieux que lui, tandis que le Ménechme picard continue de croire mort le chevalier ; trait essentiel qui manque à Plaute, à Shakspeare, à Rotrou et d’où naîtra un comique plus fripon et plus alerte. Sur l’ordre du chevalier, son laquais Valentin va attendre le Ménechme picard à la douane pour l’égarer à travers Paris, sous prétexte de lui servir de guide, et pour tisser autour de lui une trame qui lui fera