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du troisième acte et du quatrième acte de Plaute, soudés l’un à l’autre, il a composé son troisième acte, où il a introduit une scène de plus de son cru, un monologue d’Orazie sur les peines du mariage ; il a coupé en deux le cinquième acte latin ; de la première partie, jusqu’à l’enlèvement de Ménechme par le médecin, il a formé son quatrième acte ; il ne lui restait plus que deux scènes, les deux dernières, de la pièce latine, pour en tirer un cinquième acte ; il n’a pas jugé que ce fût suffisant et il a ajouté de son fond quatre scènes des plus insignifiantes. Caractère général de la pièce de Rotrou : tout le sel de Plaute en a disparu[1]. À une comédie, voisine de la farce, Rotrou a substitué une tragi-comédie. L’Érotium de Plaute est devenue, sous sa main, une jeune veuve, coquette mais vertueuse, acceptant des cadeaux, mais n’offrant rien en retour, que finit par épouser, la voyant si sage en même temps que si attentive au bien, Ménechme Sosiclès. Quand Sosiclès feint la folie, c’est une folie noble. Plus de chien enragé, plus de bouc ; Sosiclès se croit un conquérant, ou, mieux encore, un conquistador. Quand le

  1. Il est à peine, dans la pièce, deux ou trois vers qui appartiennent franchement à la langue comique. Par exemple, celui-ci d’Orazie :

    Vas, mari débordé, caresser tes amantes !