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de Plaute et le copie. Mais alors Shakspeare aussi est un copiste qui s’est appliqué sur Plaute ! Shakspeare, tout comme Regnard, a écrit ses Ménechmes, sous le titre la Comédie des méprises. Il y a un noyau qui a été commun à tous : la parfaite ressemblance de deux frères jumeaux, qui est telle, que leurs parents même et leur nourrice n’ont jamais pu les distinguer l’un de l’autre. La destinée les a séparés dès l’enfance ; ils se sont perdus de vue pendant longtemps ; par hasard, quand ils sont hommes faits, l’un des deux arrive dans la ville qu’habite l’autre ; il naît de là, auprès des tiers et entre les tiers, des quiproquos, des méprises, des confusions. Tel est le fond de fable général dont Plaute, le premier, a tiré une comédie ; le premier, à ce que nous savons, le premier parmi les auteurs anciens dont les pièces sont parvenues jusqu’à nous. Car il est infiniment vraisemblable que Plaute a tiré son œuvre d’une œuvre grecque antérieure, dont nous ne connaissons ni l’auteur, ni le texte, ni le titre. Le titre de la pièce de Plaute, les Ménechmes, est grec ; les héros en sont grecs, de naissance et de costume ; le peuple romain — le prologue même des Ménechmes le constate — préférait à tout les comédies qui lui venaient de la Grèce. Tout indique donc et laisse supposer que Plaute avait emprunté son sujet au théâtre grec ou à un conte grec.