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longea jusqu’en 1859 ; il s’en prend à l’influence sourde du prêtre, de l’évêque, du jésuite. C’est possible. Pour ce qui est de moi, au cours de ma carrière de professeur, j’ai été témoin de faits qui dépassent — on le verra bien, quand j’écrirai mes Mémoires — tous ceux que conte M. Sarcey. Je ne saurais les mettre au compte du clergé. Dans les différentes villes où j’ai résidé, l’évêque ne m’a jamais joué d’autre mauvais tour que de m’inviter à ses dîners, lesquels, malgré les préjugés généralement répandus sur la cuisine épiscopale, n’étaient ni luxueux ni raffinés. Je n’ai jamais, au grand jamais, senti dans ma vie la main du jésuite. Mais j’y ai senti, avec toute sa griffe féroce, la stupidité administrante, le sot bureaucrate scolaire, le ministre imbécile. M. Sarcey, d’ailleurs, nous fait un aveu. Il ne fut sauvé du plus sombre découragement que par le hasard qui le fit pendant six mois professeur dans une sorte de petit séminaire.

Arrêtons-nous, si vous voulez, avec M. Sarcey, sur cette oasis scolaire de l’an 1852. C’était le collège communal de Lesneven, dans le Finistère, en pleine Bretagne bretonnante. Il était régi par un prêtre.

Tous les professeurs, aussi bien que le principal, avaient reçu la tonsure. On y envoya en disgrâce M. Sarcey, pour y enseigner la rhétorique ; il était