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lité. Les femmes, rangées autour de la table, tricotaient. Puis on se régalait de vin blanc et de marrons rôtis. Puis on demandait à M. Sarcey, le père, de faire la lecture. Que de gaieté franche et d’instruction à peu de frais ! Sarcey, le père, lisait fort bien ; on l’écoutait avec délice ; jusqu’à la bonne de la famille et jusqu’à celles qu’avaient amenées les voisins, jusqu’à l’ouvrière qui avait été appelée en journée et qui était restée le soir, tous témoignaient par leur attitude du plaisir qu’ils ressentaient. Et que lisait le père Sarcey ? Racine, Molière, Beaumarchais, Regnard, quelquefois la dernière comédie-vaudeville que Scribe avait fait représenter. On ne dira point que ce n’était pas là de l’excellente nourriture littéraire et morale, du solide tout ensemble et du délicat. Il est bien à remarquer qu’en ces temps lointains, sans tant d’écoles et d’examens que nous en avons aujourd’hui, tout ce petit monde de Dourdan y avait goût et en profitait.

Si le souvenir des biens dont on a joui rend plus amer, comme l’observe le poète, le mal présent, Francisque Sarcey, plus tard, lorsque après avoir passé par l’École normale, il entra dans la vie active, dut prendre soin d’écarter de son esprit les trop riantes images du modeste et profond paradis de Dourdan. La vie de professeur qu’il mena pendant cinq années (1851-1856) fut pour lui l’enfer