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Quelle matière pourtant l’autobiographie peut fournir à un poète qui réfléchit dans une imagination de prix tout le réel et tout le banal de son existence ! Deux livres en ce genre, les Confessions et Poésie et Vérité, comptent parmi les deux plus grandes œuvres de la littérature européenne. Tout le monde n’est point Jean-Jacques ni Gœthe. Mais, même avec des talents de moindre qualité et de moindre vol, l’autobiographie toute simple, sans contact avec les événements retentissants de la politique et de la guerre, peut présenter autant de charme et d’intérêt que tout autre ouvrage de l’esprit, drame, histoire ou roman. Qui ne regretterait, par exemple, de ne point posséder, dans la littérature française, les Mémoires de Marmontel, et, dans la littérature allemande, les Mémoires de Varnhagen ! les Souvenirs de jeunesse de M. Sarcey ajouteront à cette famille d’écrits quelques pages de plus, piquantes et pittoresques. Le cercle des expériences de jeunesse de M. Sarcey a été plus étroit et plus pauvre que celui des écrivains que je viens de nommer. Ce dénûment même que M. Sarcey ne cherche pas à dissimuler sous les artifices de composition et de style donne à son livre et à sa manière leur marque propre. Ses Souvenirs ne sont pas, à bien parler, des Mémoires, et je m’en plains ; ce sont des tableaux détachés, qui nous mènent depuis la naissance de M. Sarcey