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comme il eût dit n’importe quoi d’autre. Chose toujours si fâcheuse dans les ouvrages de l’esprit, quel qu’en soit le genre, et, au théâtre, particulièrement dangereuse. Nous n’avons qu’à voir Adelphe pour nous assurer que nos conjectures étaient justes. Il se montre à nous en personne à la scène suivante, pas plus tard qu’à la scène suivante. Cet Adelphe n’est que le plus fourbu de tous ceux de sa génération en qui le ton du jour et les mœurs du siècle ont le plus tout usé, cœur, tête et corps ; c’est le plus crevé des petits-crevés. Je consens que la drôlesse qu’il veut épouser se soit rendue indispensable à ses vices, et qu’elle ait grisé sa vanité de faible d’esprit de la gloriole bestiale que lui seul a su lui faire goûter les plaisirs et le bonheur de l’amour, à elle, la femme convoitée par tous et possédée par beaucoup. Je ne consens pas qu’il ait jamais pu passer par le cerveau d’un Adelphe, même comme un éclair, même comme un simple prétexte à amadouer un grand-oncle, l’idée compliquée et relativement généreuse de relever, en l’épousant, une créature déchue ; je ne consens même pas qu’aucun homme puisse jamais songer à réhabiliter une glu, qui se vante de l’être et l’a fait graver sur son cachet. Auteur de ce salmigondis moral et de quelques autres semblables, condensés sans malice dans une seule pièce : Jean Richepin, homme