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au foyer du public. C’est à ce moment que les enthousiastes de la nouvelle école auraient organisé autour du buste de Racine la fameuse farandole dont il a été si souvent parlé depuis. On criait : Enfoncé Racine ! On poussa des cris féroces, voire un cri de mort, contre les poètes de l’Académie (Briffaut, Baour-Lormian, Parseval de Grandmaison, Andrieux, Laya, Soumet, Campenon, Jouy, Guiraud, Alexandre Duval). Une voix — ce n’est pas celle de Granier de Cassagnac, qui s’en est un jour énergiquement défendu, parlant à ma personne, — une voix, restée inconnue, qualifia Racine de « polisson ». Et, selon la légende, recueillie par Séchan, qui est-ce qui aurait conduit ce sabbat ? Le propre neveu d’Alexandre Duval (de l’Académie française), le spirituel, l’élégant, le délicat Amaury. Est-il donc vrai, ô Amaury ? Avez-vous, dans votre frénésie pour Dumas, commis ce sacrilège contre Racine ? Avez-vous ainsi traité le divin poète qui faisait parler les femmes comme votre crayon les dessine ?

Il est vrai que, depuis, Phèdre, Roxane, Hermione et Bérénice se sont bien relevées de la ronde iconoclaste, menée à minuit, à la lueur mourante des quinquets, le 11 février 1829.