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resque qui ne pouvait avoir aucune influence marquée sur le succès final ; et comment eût-on osé affirmer qu’elle passerait ? Le fait est que l’action de Saint-Mégrin prise en soi est fort vive et d’une invraisemblance intolérable si on laisse au spectateur le temps de réfléchir ; en tant que jeu de scène, elle a l’avantage d’exprimer, comme aucune autre circonstance empruntée à l’histoire réelle ne l’aurait exprimé aussi bien, l’état des relations qui existaient entre Guise d’une part, le roi et ses mignons de l’autre. Cette sarbacane et ce pois chiche, impertinents dans tous les sens du mot, sont si bien encadrés par tout le second acte ; ils y glissent avec un tel brio ; Firmin, dans la mémorable soirée du 11 février 1829, enleva la scène avec tant de bonheur qu’il n’y eut dans la salle ni murmure ni pensée de murmure. Au contraire, à la Gaîté, le public a paru visiblement esbrouffé. Sans la consécration qu’Henri III et sa cour tient à présent du temps, on aurait réclamé.

La scène V du troisième acte, celle du gantelet de fer, donnait, en 1829, des soucis d’un autre genre. Le drame pivotait sur elle. Si elle échouait, le drame était perdu. Or, la scène réussirait-elle ? Le public de la Comédie-Française supporterait-il un effet de brutalité aussi extraordinaire au théâtre que des chairs de femme meurtries et broyées sous l’étau ?