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édifice autrement important que l’heure est venue, ce me semble de construire ; et cet édifice, ce serait un dictionnaire de la langue française au xviie siècle. La langue du xviie siècle était moins riche en mots et en images que notre langue actuelle ; elle n’était pas moins riche en tours, quoique autrement, et elle était infiniment plus riche en acceptions de mots. On ne s’en douterait pas en lisant le Dictionnaire de Littré, qui, sur cette époque de la langue, fléchit, manque, est trop peu fourni. Aussi serait-il à souhaiter qu’un homme jeune encore et qui aurait le temps devant soi entreprît dès à présent l’œuvre d’un dictionnaire de la langue française au xviie siècle. Il faudrait que celui qui abordera cette tache, dont les altérations croissantes du parler français rendent chaque jour l’utilité et la nécessité plus manifestes, eût d’abord reçu la grande instruction historique ; je n’entends pas par là l’érudition, bien au contraire. Il faudrait qu’il y joignît une brillante instruction littéraire (grec, latin, français), le discernement et le goût. Mais surtout que ce ne soit pas un philologue, un élève distingué ou un maître éminent de l’École des hautes études, qui se mette à cette besogne ! Pas de linguiste, ici, pas d’épigraphiste, pas de romaniste, pas de médiéviste ! Pour entrer au cœur du xviie siècle, pour en pénétrer le grand, le profond et le fin, je ne