Page:Weiss - À propos de théâtre, 1893.djvu/171

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

y a longtemps que je désirais, non pas signaler la collection les Grands Écrivains — elle a été tout de suite célèbre — non pas la recommander — j’arriverais un peu tard après vingt ans que la publication s’en poursuit — mais rencontrer simplement une occasion d’attirer l’intérêt spécial de mes lecteurs sur le Molière, le Racine et le Corneille de la collection. L’occasion m’arrive ; je la saisis.

Il n’est personne parmi mes lecteurs qui ne connaisse au moins de nom M. Ad. Régnier, autrefois professeur de rhétorique au collège Charlemagne et de sanscrit au Collège de France. M. Régnier est aujourd’hui un grand vieillard de soixante-dix-neuf ans, droit et vert, qui a toute la mine de vouloir marcher sur les traces de M. Chevreul. Il vit en air robuste, loin des « chagrins de la ville », et des importuns, parmi les livres, sa joie et sa force, au château de Fontainebleau dont il est le bibliothécaire. C’est lui aussi, en sa façon, un débris glorieux ou des temps glorieux ; car il est né à Mayence, quand Mayence était français et ne s’en plaignait pas, sous le sceptre du fameux Jean Bon. Je connaissais M. Régnier, dès mes jeunes ans, par sa grammaire allemande, où se trouve éclaircie aisément la plus compliquée des syntaxes, où l’on sent à chaque page le bon esprit et l’esprit net. Mais je ne l’ai vu lui-même qu’une seule fois dans ma