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renseignement. Nous n’en avons sur le général Dumas que d’assez maigres. Nous en avons cependant : quelques lignes éparses, çà et là, dans les Mémoires en forme de controverses, qui ont été publiés pour et contre l’empereur, de 1820 à 1835. Alexandre Davy de La Pailleterie, général Dumas, paraît avoir été un de ces colosses militaires à qui manquent les facultés stratégiques supérieures, mais qu’illumine sur le champ de combat le coup de main à exécuter. Selon que tournent les dés au jeu de la guerre et de ce bas monde, la destinée fait indifféremment du colosse un tambour-major, qui paradera sa vie durant, admiré des grisettes et redouté des jeunes beaux des bals populaires, dans les villes de garnison, ou un héros épique qui sera l’idole et la légende de toute une armée. Je l’ai connu deux fois, au régiment, le tambour-major, faraud naïf du temps de paix, sublime dans la bataille, qui fait de sa canne une massue de pair de Charlemagne et devient capitaine. Plus d’un parmi les fameux maréchaux de Napoléon appartient à ce type. En aucun le type n’est plus pur et plus sympathique que dans le général Dumas. C’est au général Dumas que le petit Bonaparte, dans un moment d’impatience, le toisant de bas en haut, adressa en Égypte les paroles de menace célèbres que tous les historiens, y compris Michelet, font à tort tomber sur Kléber.