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prédis que la fameuse madame Morel, au café de la rue de la Lune, n’a qu’à bien se tenir.

Thérésa y entra enfin dans ce paradis convoité de la rue de la Lune. Elle entra même par avancement à l’Alcazar d’Été. D’abord, elle n’en fut ni plus riche ni plus célèbre. Aux premiers temps de l’Alcazar, elle occupait encore une chambrette, ou plutôt un taudis garni dans un entresol de la rue Lamartine. Tout à coup son nom éclata par la ville. Quelques délicats, comme Reber, s’égarèrent pour l’entendre au café des Champs-Élysées. Ils revinrent ravis. Pendant trois ans, Thérésa fut la coqueluche du peuple et des salons. Il n’y avait pas de fête mondaine sans ses refrains. Elle ne se dérangeait pas pour les réceptions des financiers à moins de mille francs par soirée. Hier, trente sous par jour et le garni de la rue Lamartine ; aujourd’hui, mille francs par soir, des voitures, une villa, l’empressement de la foule, des ambassadrices aux loges d’avant-scène !


J’aurai des titres, des livrées ;
À la cour j’aurai mes entrées ;
J’aurai ma loge à l’Opéra,
Et de loin on me lorgnera.


Le rêve réalisé des couturières de Scribe ! Voilà de ces coups de Paris !