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cette matière. Les bossus ont généralement beaucoup d’esprit, l’intelligence prompte, l’âme belle et tendre. Ils sont généralement doués d’une figure qui est, au plus haut point, intéressante et poétique. Quand on voudrait nier cette supériorité manifeste qu’ont les bossus et les bossues sur quantité de nigauds, droits de taille, sur nombre de blondes fadasses et de brunes sans cervelle, dont la taille n’a pas non plus de déviation, il y a un fait qu’on est obligé de reconnaître : c’est que leur bosse est à eux, tout aussi bien que la Fiammina est à M. Mario Uchard ; elle constitue une propriété inviolable et sacrée, encore que gênante. Comment donc le juge de l’an 1834 a-t-il souffert que le journal la Caricature usurpât sur leur bosse avec son dessin et sa légende de M. Mayeux ! Vous me direz qu’à l’époque le juge civil et le juge au commerce n’ont pas été saisis ! Ni le juge au criminel non plus ! Cela fait vraiment l’éloge des bossus d’antan. Ils auraient pu crier : On nous vole notre bosse ! On nous la vole pour nous dénigrer ! Ils se sont tus. Peut-être, en gens d’esprit, se sont-ils dit que la popularité du type de Mayeux avait après tout du bon pour eux, avec beaucoup de mauvais, et qu’il fallait supporter le mauvais pour profiter du bon. Quelle gloire en effet pour les bossus, quelle glorification de la bosse quand Mayeux, devant son