Page:Weiss - À propos de théâtre, 1893.djvu/124

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

lois qui en sont dérivées de 1793 à 1865, pour resserrer un peu plus que de raison le domaine public de l’esprit. Aussi devait-il arriver à la fin que les auteurs, agissant chacun en son particulier, lui demanderaient plus qu’il ne peut ôter à tous ensemble pour l’attribuer à un seul. C’est le cas de M. Uchard. Ne sachant plus à quel saint se vouer pour se tirer d’un débat tout intellectuel, où il s’est mal engagé, M. Uchard a songé naturellement au juge et à ses arrêts antérieurs, et du fond des lacets, où il s’est lui-même embarrassé et où M. Sardou le secoue d’une main sans pitié, il élève une plainte gémissante vers le tribunal qui a rendu les fameux jugements de 1867 contre la porcelaine, usurpant sur la chromo-lithographie et le pain d’épice, usurpant sur le bronze. D’autres suivront M. Uchard. Et voilà comment notre siècle va mettre de plus en plus en éloquents plaidoyers, en conclusions et en arrêts fortement motivés, des querelles littéraires qu’en 1701, souvenez-vous-en, souvenez-vous-en, on eût mises tout bonnement en ponts neufs.

Les lois et décrets de 1793, 1810, 1844, 1854 et 1866 accordent aux auteurs et à leurs représentants légaux le droit exclusif de vendre, distribuer et faire distribuer, de représenter et faire représenter leurs œuvres pendant un laps de temps qui comprend la durée de la vie de l’auteur, augmentée d’un nombre