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détails accoutumés leur rend tout sensible, présent et croyable.

Perrault contraste avec l’ensemble du xviie siècle en ce qu’il est, dans ses contes, un poète de la maison, des choses familières, domestiques, intimes, comme de l’enfance. Il l’est plus que La Fontaine et autant que Regnard. Le soir, sous la lampe, autour de la table de famille, on peut lire ses contes à haute voix devant toute la maisonnée, y compris les gens de service. Jusqu’aux laveuses de vaisselle y repasseront leurs travaux et leurs délassements du jour, transformés en impressions poétiques. Comment Perrault a-t-il jamais pu se ranger du côté de ceux qui reprochaient à Homère et à Théocrite la vulgarité de leurs images, la bassesse des faits où ils s’arrêtent, leur diction et leurs peintures sans noblesse ! Que voilà bien l’effet ordinaire du parti pris et des théories toutes faites ! L’un des charmes de Perrault est de ressembler sur ce point, sans le vouloir et tout en restant lui-même, à Théocrite et à Homère. Perrault se garde bien de ne pas donner à nos yeux la fête de la riche vaisselle de Barbe-Bleue, à notre imagination la régalade des parties de campagne que Barbe-Bleue offrait aux dames :


« …Ce n’était que parties de chasse et de pêche, que danses et festins, que collations. On ne dormait