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vingt autres encore justifièrent la maxime capitale des Modernes : qu’un Français pouvait tirer de son inspiration propre et du fonds de mœurs où il vivait des sujets et des ouvrages qui ne devraient rien à l’antiquité et qui soutiendraient la comparaison avec elle. Les Modernes avaient un second précepte sur lequel ils revenaient souvent ; c’est que la religion chrétienne toute pure et la foi chrétienne ne sont pas une moindre source de sentiments et d’images poétiques que les fables et les mythes des anciens. Racine réclama, comme Boileau, contre la doctrine ; mais, en pleine publication des Parallèles, il donna Esther (1689) et Athalie (1697). Un des Modernes, et peut-être le plus acharné de tous, lui avait certainement montré le chemin. Desmarets de Saint-Sorlin avait écrit en 1673 un poème d’Esther.

Sur la poésie épique et tragique de la Grèce, tout en la dénigrant, Perrault et son groupe ont fait quantité d’observations justes, profondes, originales, qui échappaient à Boileau et à ses amis. Sur tout sujet littéraire, aussi bien que sur la Grèce, Perrault et son groupe ont émis et répandu des vues fécondes qu’ont reprises ou retrouvées depuis, en les portant à plus de précision et de conscience de soi, en les agrandissant, en les élevant, Lessing, Herder, Wolff et Gœthe, Diderot et d’Alembert, Chateaubriand et madame de Staël. Le germe a fructifié. L’erreur de