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avec les dédicaces, préfaces et postfaces de l’auteur. M. André Lefèvre y a ajouté une biographie, œuvre de savoir précis et sûr, où la personne de Perrault est bien prise, sinon son génie apprécié à toute sa valeur, et un traité ex professo de mythologie transcendante, appliquée au genre de ma mère l’Oie. Le tout se vend quatre-vingt-dix centimes.

Charles Perrault, frère du célèbre architecte qui a conçu et édifié la colonnade du Louvre, fut à la fois l’un des beaux génies et l’un des beaux esprits de son siècle. Son activité littéraire ne commença réellement qu’en 1683, quand il eut résigné la charge de premier commis de la surintendance des bâtiments, où il avait rendu des services distingués. Il avait alors cinquante-cinq ans, un âge déjà lourd pour faire le métier d’auteur ; mais il avait, jusqu’à ce moment, peu écrit, sa charge seule l’avait occupé, et la conduite de ce qu’on appelle une grande administration n’entraîne pas une forte dépense ni une forte usure de la substance grise. Perrault se jeta, avec une fraîche ardeur, dans la querelle des Anciens et des Modernes. Desmarets de Saint-Sorlin était mort depuis sept ans ; Fontenelle, qui donna cette année même (1683) les Nouveaux Dialogues des morts, n’avait pas plus de vingt-six ans et ne possédait pas encore l’autorité. Charles Perrault, goûté du roi, ancien lieutenant très en crédit de Colbert, qui tenait