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ne pas faire entrer les pointes de fer dans le coeur de la pauvre femme plus avant que dans le bois. Quand l'ouvrage fut fini, on aurait dit, tant il était soigné et bien fait, une boîte à mettre des bijoux et des dentelles. -« Charpentier, qui avez fait un si beau cercueil à mon petit Hanz, je vous donne ma maison au bout du village, et le petit jardin qui est derrière, et le puits avec la vigne. Vous n'atten- drez pas longtemps. » Avec le linceul et le cercueil qu'elle tenait sous son bras, tant il était petit, elle s'en allait par les rues du village, et les enfants qui ne savent ce que c'est que la mort, disaient «  Voyez comme la mère de Hanz lui porte une belle boîte de joujoux de Nuremberg sans doute une ville avec ses maisons de bois peintes et vernissées; son clocher entouré d'une feuille de plomb; son beffroi et sa tour crénelée, et les arbres des pro- menades, tout frisés et tout verts, ou bien un joli violon, avec ses chevilles sculptées au manche et son archet en crin de che- val. Oh que n'avons-nous une boîte pareille Et les mères, en pâlissant, les embrassaient et les faisaient taire «  Imprudents que vous êtes, ne dites pas cela ne la souhai- tez pas, la boîte à joujoux, la boîte à violon que l'on porte sous le bras en pléurant vous l'aurez assez tôt, pauvres petits 1» Quand la mère de Hanz fut rentrée, elle prit le cadavre mignon et encore joli de son fils, et se mit à lui faire cette dernière toilette qu'il faut bien soigner, car elle doit durer l'éternité. Elle le revêtit de ses habits du dimanche, de sa robe de soie et de sa pelisse à fourrures pour qu'il n'eût pas froid dans l'en- droit humide où il allait. Elle plaça à côté de lui la poupée aux yeux d'émail qu'il aimait tant, qu'il la faisait coucher dans son berceau. Mais, au moment de rabattre le linceul sur le corps à qui elle avait donné mille fois le dernier baiser, elle s'aperçut qu'elle avait oublié de mettre à l'enfant mort ses petits souliers rouges. Elle les chercha dans la chambre, car cela lui faisait de la peine de voir nus ces pieds autrefois si tièdes et si vermeils, maintenant si glacés et si pâles mais, pendant son absence, les rats ayant trouvé les souliers sous le lit, faute de meilleure nourriture, avaient grignoté, rongé et déchiqueté la peau. Ce fut un grand chagrin pour la pauvre mère que son Hanz s'en allât dans l'autre monde les pieds nus; alors que le coeur n'est plus qu'une plaie, il suffit de le toucher pour le faire saigner.