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4. LES BELLES HISTOIRES M1" LÉONIE MICHAUD UN CONTE Conte des bords du Rhin LY A LONGTEMPS, bien longtemps, ceux vou- lurent bâtir une église. Ils se cotisèrent, et l'on commença. On creusa les fondements, on éleva les murailles, on ébaucha la charpente, et pendant six mois ce fut un tapage assourdissant de scies, de marteaux et de cognées. Au bout de six mois, l'ar- gent manqua. On fit appel aux pèlerins; on mit un bassin d'étain à la porte de l'église, mais à peine s'il y tomba quelques targes (1) ou quelques liards à la croix (2). Que faire? Le sénat s'assembla, chercha, parla, avisa, consulta. Les ouvriers refu- saient le travail, et l'herbe, et la ronce, et le lierre, et toutes les insolentes plantes des ruines s'emparaient déjà des pierres neuves de l'édifice abandonné. Fallait-il donc laisser 1. Targes ancienne monnaie, qui portait l'image d'un bouclier, 2. Liarils il (4 petite monnaie de cuivra marquée d'une croix.