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Oh la misère des vieux sans pain, des vieux sans espoir, sans enfants, sans argent, sans rien autre chose que.la mort devant eux, y pensons-nous ? Y pensons-nous, aux vieux affamés des mansardes?. GUY de-Maupassant-s» Sur l'eau (Ollendorff, édit.) . Un Enterrement de pauvres Olivier 'Fioist est un malheureux orphelin de dix ans. Né l'hospice, élevé aux frais de la paroisse, il n'a connu que la misère. Obligé de prendre un état, il entre au service de M. Sowerberry, entrepreneur de pompes fùnèbres: Le premier enterrement auqicet il assiste, l'enter- rement d'une pauvre femme, ajoute à la tristesse de son expérience personnellc la notion douloureuse de la misère des autres, «  Olivier, METS TA CASQUETTE et viens avec moi. » Olivier obéit, et suivit son maître dans l'accomplissement de son devoir pro- fessionnel. Ils cheminèrent quelque temps à travers le quartier le plus encombré et le plus populeux de la ville, puis, s'engageant dans une rue étroite plus sale et plus miséreuse qu'aucune de celles qu'ils eussent encore traversées, ils s'arrêtèrent pour découvrir la maison qui était l'objet de leur recherche. Les maisons de chaque côté étaient hautes et vastes, mais très vieilles et occu- pées par des gens de la classe la plus pauvre. Le ruisseau était stagnant et immonde. Les rats morts qui de place en place se putréfiaientdans sa pourriture étaient horribles de maigreur. Il n'y avait ni marteau ni sonnette à la porte ouverte où s'ar- rêtèrent Olivier et son maUre; et c'est avec précaution que, sui- vant à tâtons le corridor sombre, en disant à Olivier de rester près de lui et de n'avoir pas peur, l'entrepreneur de pompes fu- nèbres monta jusqu'au premier. Butant contre une porte du palier, il y cogna du dos des doigts. Elle fut ouverte par une petite fille de treize à quatorze ans. L'entrepreneur vit tout de suite assez de ce que contenait la chambre pour savoir que c'était bien là qu'on l'avait envoyé. II entra; Olivier le suivit. Il n'y avait pas de feu dans la pièce; mais un homme était penché machinalement sur le poêle vide. Une' vieille femme avait aussi traîné un siège bas vers l'âtre froid, et était assise auprès du malheureux. Il y avait des enfants en haillons dans un autre coin et dans une petite alcôve, en face de la porte* gisait sur le sol quelque chose de caché sous une vieille couver- ture. Olivier eut un frisson en jetant les yeux de ce côté-là, et