Page:Weil et Chénin, Contes et récits du XIXe siècle - 1913.djvu/207

Cette page n’a pas encore été corrigée

Non, ce ne sont probablementpas des pommes, dit Serge, le fils aîné; vois leur peau, on dirait qu'elle est recouverte de duvet. Ce sont des pêches, dit le père vous n'avez pas encore vu de pareils fruits; l'oncle Ephrim les a cultivées dans la serre, car il prétend que les pêches ne poussent que dans les pays chauds, et que, chez nous, on ne peut les récolter que dans les serres. Et qu'est-ce qu'une serre ? demanda Volodia, le troisième fils de Tikhou. Une serre, c'est une grande maison dont les murs et le toit sont vitrés. L'oncle Ephrim m'a expliqué qu'on la construit ainsi pour que le soleil puisse réchauffer les plantes. L'hiver, au moyen d'un poêle particulier, on maintient la température au même degré. «  Voilà-pourtoi, femme, la plus grosse pêche, et ces quatre-là sont à vous, enfants. » Eh bien! demanda J'ikhou le soir même, comment trouvez- vous ces fruits Ils ont un goût si fin, si savoureux, --répondit Serge, que je veux planter le noyau dans un pot; et il en poussera peut- être un arbre qui se développera dans l'isba (1). Tu serais peut-être un bon jardinier; voilà que tu songes à faire pousser des arbres, reprit le père. Et moi, reprit le petit Vania, je l'ai trouvée si bonne, la pêche, que j'ai demandé à maman la moitié de la sienne; mais le noyau, je l'ai jeté1 Toi, tu es encore tout jeune, dit le père. Vania a jeté le noyau, dit le second fils, Vasili moi, je l'ai ramassé; il était bien dur; il y avait dedans une amande qui avait le goût de la noix, mais plus amer. Quant à ma pêche, je l'ai vendue dix kopecks (2) elle ne valait d'ailleurs pas davan- tage. » Tikhou hocha la tête. «  C'est trop tôt pour toi de commencer à faire du commerce; tu veux donc devenir un marchand? «  Et toi, Volodia, tu ne dis rien. Eh bien 1 demanda Tikhou à son troisième fils, ta pêche avait-elle bon goût? Je ne sais pas répondit Volodia. Comment! tu ne sais pas? reprit le père. tu ne l'as donc pas uaiagée? Je l'ai portée à Gucha, répondit Volodia; il était malade; je lui ai raconté ce que tu nous as dit à propos de ce fruit, et il., ne faisait que contempler la pêche. Je la lui ai donnée; mais Isba habitation des paysans russes. 2, Kopeck monnaie russe valant quatre centimes environ. 1