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CONTE

Les Lutins du feu

Le bal allait, allait. Les lutins sautaient leur joyeuse sarabande, plus haut, toujours plus haut. Les robes de lumière se frôlaient, rouges, jaunes, orange doré, projetant tout autour des lueurs fantastiques. Ils dansaient, les lutins de flamme, sur les bûches craquantes et le bois fendu, ils dansaient avec ivresse, bondissant et s’entrechoquant.

Il dansait, il dansait toujours, le peuple joyeux des « Phlogos », conduit par le plus grand, l’empereur, le « Mégistos ». Ils sautaient en le suivant, s’arrêtant parfois pour baiser ses pieds brûlants.

Il dansait, il dansait toujours, le peuple des âmes candides, des âmes des enfants qui ne sont pas encore nés ; attendant leur tour d’être des hommes, les lutins se poursuivaient sur les bûches crépitantes.

Tout à coup, une grande lueur s’éleva, et tous jetèrent de brûlantes étincelles : au-dessus du feu flambant, une flamme avait élevé sa tête altière. Et, dans les crépitements, on entendit ces mots :