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L’aube est par lui une joie immortelle.
Mais un sort sans douceur le tient plié.
Le fer le cloue au roc ; son front chancelle ;
En lui, pendant qu’il pend crucifié,
La douleur froide entre comme une lame.
Heures, saisons, siècles lui rongent l’âme,
Jour après jour fait défaillir son cœur.
Son corps se tord en vain sous la contrainte ;
L’instant qui fuit disperse aux vents sa plainte ;
Seul et sans nom, chair livrée au malheur.