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En lui sourdre une voix plus forte que le doute,
Qui l’appelle à d’autres combats.

Car ces temps ne sont plus où l’homme allait en rêve
S’enivrant vainement de vaines actions ;
Nous, il nous faut combattre en des combats sans trêve,
Plus beaux que les combats entre les nations.
Ce qu’il nous faut dompter, nous autres, c’est le monde ;
Étreignant l’univers de notre forte main,
Il nous faut établir le droit, la paix féconde,
Et partout imposer notre empreinte profonde
Sur les choses et le destin !

Partez donc, jeunes gens, dans l’ardeur de votre âge,
Partez, forts et virils, pour des combats si beaux ;
Par deux grandes vertus, Patience et Courage,
Soyez vainqueurs de tout, et même des tombeaux.
Plutôt que Charlemagne, invoquez cette sainte
Qui fut par son grand cœur plus forte que la mort ;
Telle que l’invoquait le Français dans sa crainte,
Lorsqu’il la regardait, sans menace et sans plainte,
Veiller sur la Ville qui dort !