Combattre ses soldats encore presque enfants ;
Ici, de durs soucis font les regards austères ;
Que peuvent donc songer, dans toutes ces misères,
Ces jeunes hommes triomphants ?
Peut-être devant eux ils voient, comme en un rêve,
Passer cet Empereur dont nous fêtons le nom ;
Ils voient des bras levés qui s’abattent sans trêve,
Entendent des coups sourds plus beaux que les canons.
L’on brandissait alors Durandal et Joyeuse ;
Les glaives au soleil scintillaient par éclairs ;
Et sans cesse passaient, troupe victorieuse,
Bien droits sur leurs chevaux, dans leur joie orgueilleuse,
Les chevaliers au regard clair.
Ils luttent, ces héros, hardiment, d’homme à homme,
Le glaive teint de sang, maïs le cœur toujours pur ;
Au ciel l’ange sourit au soldat qui le nomme,
Et le guerrier combat, plus ardent et plus sûr.
C’est pour Dieu que l’on lutte, et pour la douce France ;
Autour du chevalier qui meurt, joignant les mains,
Les trois vierges de Dieu viennent, beau chœur qui danse,
La Charité, la Foi, la candide Espérance,
Pour lui dévoiler les destins.
Cependant que ses pairs l’emportent vers la terre,
Douce terre de France où son corps dormira !…
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