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VERS LUS AU GOÛTER
DE LA SAINT-CHARLEMAGNE,
Lycée Henri-IV (30 janvier 1926)

J’entends des chants, des cris, des appels et des rires ;
Quels sont ces jeunes gens qui semblent si joyeux ?
Quand pour nous les destins toujours deviennent pires,
Quelle est cette lueur que je vois dans leurs yeux ?
Les uns sont des enfants, d’autres presque des hommes,
Mais un même bonheur illumine leur front ;
Quels paradis voient-ils, éteints dès qu’on les nomme ?
À quoi songent-ils donc, dans le trouble où nous sommes ?
Est-ce à ce qu’ils accompliront ?

Douce jeunesse, illuminée
Des plus clairs regards du matin,
Tu marches d’année en année
À la rencontre du destin.
Les yeux sur les pures étoiles,
Tu vas vers l’avenir sans voiles ;