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Sans arme. Il ne faut pas que je cesse de supplier.
Sans doute il est des mots qui parviendraient à le fléchir.
Dès que je me tairai, ma perte sera consommée.
Je n’en puis plus. Daignez avoir égard à ma douleur.

LE SECRÉTAIRE
Bassio, je m’en vais. Garde cet homme à vue jusqu’à ce que les criminels soient morts, puis conduis-le hors de Venise et remets-lui cet or que Leurs Seigneuries daignent lui accorder.
JAFFIER

Quoi ! vous partez ! Non, non, vous ne pouvez partir ainsi.
Je ne vous ai pas dit tout ce que je voulais vous dire.
Je saurai vous fléchir, si vous demeurez un moment,
J’en suis sûr. Vous partez ! Ah ! si vous restez inflexible,
S’il faut que mes amis soient mis à mort dans ces cachots,
Qu’ils périssent du moins sans avoir su ma trahison !
Taisez du moins partout la honte où vous m’avez réduit !
Je crie en vain vers lui. Il est parti sans un regard.
Osez-vous m’empêcher de marcher librement, valets ?